Accueil Location Frais à la charge du locataire : quelles sont les obligations en France ?

Frais à la charge du locataire : quelles sont les obligations en France ?

Certains frais facturés au locataire ne sont pas obligatoires, malgré leur présence fréquente dans les baux. La liste des charges récupérables, pourtant fixée par décret, est souvent source de confusion et d’erreurs dans leur application.

Des désaccords surviennent régulièrement sur la répartition des réparations ou sur la nature exacte des dépenses d’entretien. Les règles encadrant la facturation des états des lieux ou des frais d’agence diffèrent selon le type de location, ce qui complexifie la situation pour de nombreux locataires.

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Comprendre les frais locatifs : ce que la loi prévoit pour les locataires

Le quotidien du locataire est balisé par un cadre légal précis. La loi du 6 juillet 1989 et le décret n°87-713 du 26 août 1987 tracent une frontière nette entre ce qui peut être facturé au locataire et ce qui relève du propriétaire. Les charges récupérables, ce sont les dépenses initialement avancées par le bailleur, refacturées dans le cadre du bail d’habitation.

Selon le contrat, le locataire règle soit une provision sur charges (avec une régularisation annuelle), soit un forfait de charges. La première solution s’accompagne d’un décompte détaillé, permettant de vérifier si les sommes versées collent aux dépenses engagées : entretien des parties communes, chauffage collectif, électricité des espaces communs, eau froide, gestion des ordures ménagères. Chaque année, le bailleur présente la facture réelle : trop-perçu ou reliquat à payer, tout est mis à plat.

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La réglementation ne laisse rien au hasard. Toutes les dépenses non listées dans le décret de 1987, entretien de la structure de l’immeuble, grosses réparations, frais de gestion, ne peuvent pas être exigées du locataire. Si un doute s’installe, un coup d’œil au texte officiel tranche immédiatement.

Le régime diffère légèrement entre logements vides et meublés : en meublé, le forfait de charges est possible, à condition de rester fidèle à la réalité des coûts. Un forfait déconnecté des dépenses réelles pourra être retoqué par le juge. Dans tous les cas, la transparence s’impose : le bailleur doit fournir, sur demande, l’ensemble des justificatifs de charges.

Quelles charges sont réellement à la charge du locataire ?

Toutes les charges n’atterrissent pas sur le bureau du locataire. Le décret n°87-713 du 26 août 1987 cadre strictement la liste des charges récupérables. Seules les dépenses liées à l’usage courant du logement et de l’immeuble peuvent être refacturées. Voici les principales catégories dont le locataire doit s’acquitter :

  • Entretien des parties communes : qu’il s’agisse du nettoyage, de l’éclairage des couloirs, de l’ascenseur ou encore de la tonte des espaces verts, chaque poste est précisément défini par le décret.
  • Consommations individuelles : eau froide, eau chaude, chauffage collectif. Le paiement s’effectue selon les relevés ou la répartition votée en copropriété.
  • Taxe d’enlèvement des ordures ménagères : chaque année, le bailleur répercute cette taxe sur présentation de l’avis d’imposition foncière.

D’autres obligations s’ajoutent : l’assurance habitation relève exclusivement du locataire, qui doit fournir une attestation chaque année. À l’inverse, la redevance audiovisuelle n’existe plus depuis 2022. Les réparations exigibles se limitent à ce que la loi considère comme « locatif » : un joint à remplacer, une chasse d’eau à régler, une poignée à revisser. Les gros travaux, le ravalement ou le remplacement d’une chaudière défectueuse ne sont pas son affaire.

Dans les immeubles collectifs, la répartition entre parties communes et privatives suit le règlement de copropriété : la part du locataire est calculée au prorata de sa quote-part. À tout moment, il peut demander au bailleur les justificatifs détaillés des dépenses engagées.

Entretien courant et réparations : où s’arrêtent vos obligations ?

Pour le locataire, le quotidien rime aussi avec entretien. Le décret n°87-712 détaille le champ des interventions à sa charge : un joint usé sur un robinet, un chauffe-eau à détartrer, les revêtements de sol à maintenir propres, les vitres à nettoyer. Tout ce qui relève des menues réparations et d’une maintenance régulière incombe au locataire, du premier au dernier jour du bail.

Dès qu’il s’agit de travaux touchant à la sécurité, à la conformité ou à la structure du logement, la balle passe dans le camp du propriétaire. Fuite majeure, panne de chauffage collectif, isolation défaillante : la loi du 6 juillet 1989 impose au bailleur d’agir pour garantir la décence du logement. Impossible pour lui de s’y soustraire, même en cas de vétusté.

L’état des lieux, dressé à l’entrée et à la sortie, sert de référence : il permet de distinguer l’usure normale d’un manque d’entretien. Le locataire a tout intérêt à conserver ce document, ainsi que les preuves de ses interventions. Si un diagnostic de performance énergétique ou une attestation de conformité met en lumière une anomalie, le propriétaire doit engager les réparations nécessaires. Au passage, si le logement ne répond pas aux normes de décence, la CAF peut suspendre le versement des aides.

Pour le reste : raccords de peinture, petites réparations électriques, changement d’ampoules, ménage courant, tout cela demeure à la charge du locataire. Isolation, toiture, remise en état après vétusté ? La responsabilité reste celle du propriétaire, qui doit veiller à l’état du bien jusqu’à la remise des clés.

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Conseils pour mieux gérer les relations avec votre propriétaire autour des charges

Pour assainir les échanges autour des charges locatives, deux mots d’ordre : rigueur et anticipation. Avant même d’apposer votre signature sur le bail, examinez attentivement la liste des charges récupérables annexée au contrat. La loi et le décret n°87-713 du 26 août 1987 fixent noir sur blanc ce qui peut vous être demandé, poste par poste.

Lors de la régularisation annuelle, demandez systématiquement les justificatifs des charges : factures, appels de fonds du syndic, relevés de consommation. Le bailleur est tenu de vous les transmettre au moins un mois avant la régularisation. Un trop-perçu apparaît ? N’attendez pas pour le signaler. Vous disposez de trois ans pour contester une régularisation injustifiée ou réclamer un remboursement.

Un désaccord persiste sur une charge, une retenue abusive sur le dépôt de garantie, ou un propriétaire qui fait la sourde oreille ? La Commission départementale de conciliation (CDC) offre une voie de résolution amiable, gratuite et rapide, avant tout recours en justice. Pour enclencher la procédure, un simple courrier recommandé avec accusé de réception suffit.

Gardez trace de chaque échange : courriels, courriers, régularisations, quittances de loyer. Cette discipline documentaire fait souvent la différence en cas de contentieux, et vous garantit de défendre vos droits face à une régularisation contestée ou un dépôt de garantie amputé à tort. Entre locataire et propriétaire, une gestion méthodique des charges n’évite pas tous les désaccords, mais elle rend les discussions nettement plus sereines.

Au bout du compte, comprendre les règles, réclamer les preuves, et garder la main sur ses documents : voilà le trio gagnant pour éviter les mauvaises surprises et aborder chaque fin de bail avec la même sérénité qu’au premier jour.

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