À première vue, le verdict paraît simple : moisissure sur les murs, facture pour le propriétaire. Mais la réalité des locations réserve bien des surprises. La répartition des frais, loin d’être automatique, se décide au cas par cas, au gré des diagnostics et de la vigilance de chacun. La loi trace une frontière, mais la pratique, elle, dessine des zones grises où l’état des lieux et la rapidité d’action font toute la différence.
Impossible de s’y retrouver sans examiner les particularités de chaque situation. La jurisprudence ne parle pas d’une seule voix : la pièce touchée, l’âge du bâtiment, la réactivité du locataire ou du propriétaire… autant de paramètres qui font basculer la balance. Heureusement, il existe des démarches concrètes pour limiter les conflits et préserver la salubrité du logement.
Plan de l'article
Moisissure dans un logement loué : comprendre les causes pour mieux agir
La moisissure ne s’invite jamais au hasard entre quatre murs. Si elle s’installe, c’est que l’humidité a déjà gagné du terrain : fuite invisible, ventilation qui fait grise mine, ou pont thermique qui rafraîchit un peu trop les murs. Dans la plupart des appartements, la salle de bain et la cuisine se retrouvent en première ligne, véritables terrains de jeu pour la condensation et la vapeur d’eau.
Le moindre recoin mal aéré devient un nid pour ces champignons discrets. Une VMC absente ou bouchée, et voilà les traces noires qui s’étendent sur les plafonds ou derrière les meubles. Dès que l’isolation laisse passer le froid, la condensation s’installe, et l’humidité grimpe en flèche.
La présence de moisissures ne se contente pas de tacher les murs : elle menace la santé des occupants. Allergies, toux, irritation… la qualité de vie en prend un coup. Quelques habitudes simples permettent de limiter les dégâts : ouvrir les fenêtres chaque jour, vérifier l’état des joints, surveiller l’hygrométrie avec un appareil dédié. Plus on intervient tôt, plus on a de chances d’endiguer le phénomène.
Voici quelques réflexes à adopter pour garder le contrôle :
- Contrôlez régulièrement l’état des pièces exposées à l’humidité.
- Vérifiez que la ventilation fonctionne correctement, sans obstacle.
- Repérez dès le début toute trace de moisissure sur les parois ou les plafonds.
Une seule cause ne suffit presque jamais à expliquer l’apparition de moisissures. Seul un diagnostic soigneux permet de déceler le vrai problème et d’y apporter la réponse adéquate.
Qui est responsable en cas de moisissure : propriétaire ou locataire ?
La responsabilité de la moisissure dans une location ne s’applique pas mécaniquement. Tout se joue autour de l’origine du problème, de l’état initial du logement, et du respect des devoirs de chacun. La loi distribue les rôles de façon précise.
Pour le propriétaire, il s’agit de garantir un logement décent. Cela veut dire : écarter tout danger pour la santé, corriger les défauts de construction qui favorisent l’humidité. Fuite d’eau, pont thermique, toiture poreuse… dès qu’un élément de structure est en cause, la réparation lui revient. Isolation défaillante ? Travaux à sa charge, sans discussion.
Le locataire porte, lui, la responsabilité de l’entretien courant. Il doit aérer, ne pas empêcher la circulation de l’air, nettoyer toute trace superficielle dès qu’elle apparaît. Si la négligence est prouvée, fenêtres systématiquement fermées, ventilation bloquée,, il devra lui-même gérer les conséquences.
Selon le contexte, la répartition des torts est claire :
- Moisissure déjà présente à l’emménagement : le propriétaire doit agir en premier.
- Moisissure due à un défaut d’entretien courant : le locataire doit prendre ses responsabilités.
Un état des lieux détaillé, lors de l’entrée et de la sortie, fait souvent office de preuve décisive. Le partage entre obligations locatives et devoirs du bailleur dépend d’un constat précis, parfois appuyé par une expertise indépendante si le doute subsiste.
Obligations légales et recours possibles face à la présence de moisissures
Face à la moisissure dans un logement, la réglementation encadre strictement les responsabilités. Le bailleur est tenu d’assurer la sécurité et la santé des occupants. Dès qu’une humidité anormale ou des champignons apparaissent à cause d’une faille du bâtiment, c’est à lui d’intervenir.
La loi exige un logement décent. Si des risques pour la santé sont identifiés, ou si l’humidité atteint un seuil critique, il faut agir rapidement. En cas de litige, le locataire peut s’appuyer sur plusieurs démarches :
- Demander un constat professionnel ou réaliser un diagnostic humidité.
- Informer le bailleur par lettre recommandée avec accusé de réception, photos à l’appui.
- En absence de solution, saisir la commission départementale de conciliation pour ouvrir le dialogue.
- Si la situation l’exige, alerter le service communal d’hygiène et de santé pour qu’il examine la salubrité du logement.
Si aucune issue n’est trouvée, le recours judiciaire, via le tribunal judiciaire, permet d’obtenir des mesures concrètes : réalisation de travaux, éventuelle baisse du loyer. Parfois, l’assurance habitation intervient si un dégât des eaux est à l’origine des moisissures. Si la santé est menacée, le locataire peut aussi demander à partir plus rapidement grâce à un préavis réduit.
La loi ne laisse rien au hasard : elle fixe les obligations du bailleur et détaille les moyens de faire respecter les droits des locataires, étape par étape.
Conseils pratiques pour prévenir, signaler et traiter la moisissure en location
On retrouve la moisissure sur les murs, au plafond, autour des fenêtres : en général, là où l’humidité s’accumule, surtout dans la salle de bain ou la cuisine. Pour la tenir à distance, l’aération quotidienne est incontournable : quelques minutes suffisent, surtout après une douche ou la cuisson. Il faut aussi s’assurer que la ventilation mécanique contrôlée (VMC) fonctionne correctement : une bouche bouchée et l’air chargé d’humidité ne circule plus, aggravant le problème.
Un hygromètre permet de surveiller l’ambiance : si le taux dépasse 60 %, il y a matière à s’inquiéter. Dès qu’un doute subsiste sur la cause, mieux vaut consulter un expert immobilier ou un professionnel du bâtiment. Identifier rapidement une infiltration ou un pont thermique peut limiter les dégâts et éviter des réparations lourdes.
En cas d’apparition de moisissures, il faut avertir le bailleur sans tarder, de préférence par écrit, en joignant des photos et un descriptif précis. Cette formalité protège le locataire et lance le processus de résolution.
Pour traiter le problème, un nettoyage adapté s’impose. Si la source est structurelle, le propriétaire devra organiser les travaux nécessaires : réparer une fuite, renforcer l’isolation, traiter les remontées capillaires. Il est conseillé de garder une trace de chaque intervention pour éviter tout malentendu lors de l’état des lieux final.
Entre vigilance, réactivité et communication, chacun a un rôle à jouer. Agir vite, c’est offrir au logement une chance de respirer, et à ses habitants, la tranquillité retrouvée.

